jeudi 8 janvier 2015

Colosses



Colosses, pastel gras sur papier bristol, 65 x 100 cm.






Au début je souhaitais que les deux personnages soient centrales, qu'ils occupent entièrement la feuille, mais finalement je préfère qu'ils soient perdus au milieu du monde, qu'ils se retirent, et on retrouve leur corps énorme à l'horizontal, comme paysage colosse.

Dans un premier temps la craie n'était pas appliqué directement sur la feuille, mais d'abord frottée sur un bout de papier, frottée sur le bout du doigt et là appliquée sur la feuille. Le papier bristol est absolument lisse, il ne peut pas être imprégné, tout reste en surface, « de façon minimale, c'est à dire au plus près du néant, à peine de ». *

*dit par Marguerite Duras


« Étrange parti pris cependant qui valorise aveuglément la profondeur aux dépens de la superficie et qui veut que "superficiel" signifie non pas de "vaste dimension" mais de "peu de profondeur", tandis que "profond" signifie au contraire "de grande profondeur" et non pas "de faible superficie". Et pourtant un sentiment comme l’amour se mesure bien mieux il me semble si tant est qu’il se mesure à l’importance de sa superficie qu’à son degré de profondeur. Car je mesure mon amour pour une femme au fait que j’aime également ses mains, ses yeux, sa démarche, ses vêtements habituels, ses objets familiers, ceux qu’elle n’a fait que toucher, les paysage où je l’ai vu évoluer, la mer où elle s’est baignée… Tout cela c’est bien de la superficie, il me semble! Au lieu qu’un sentiment médiocre vise directement la profondeur le sexe même et laisse tout le reste dans une pénombre indifférente.

Un mécanisme analogue — qui grince depuis peu quand ma pensée veut en user — valorise l'intériorité aux dépens de l'extériorité. Les êtres seraient des trésors enfermés dans une écorce sans valeur, et plus loin on s'enfoncerait en eux, plus grandes seraient les richesses auxquelles on accéderait. Et s'il n'y avait pas de trésors ? Et si la statue était pleine, d'une plénitude monotone, homogène, comme celle d'une poupée de son ? »


Michel TournierVendredi ou les limbes du Pacifique, 1967.





Qu'ils se retirent Paysages colosses immobilisé



le fading
« […] De même, semble-t-il, pour l'angoisse d'amour : elle est la crainte d'un deuil qui a déjà eu lieu, dès l'origine de l'amour, dès le moment où j'ai été ravi. Il faudrait que quelqu'un puisse me dire : " Ne soyez plus angoissé, vous l'avez déjà perdu(e)." »

- Winicott, La crainte de l'effondrement, cité par Roland Barthes dans Fragments d'un discours amoureux, 1977. 
 























































à bientôt - see you soon - bis bald !

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